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Photo du rédacteurMamoune Spirit

Mon évolution grâce à ma fausse couche

Dernière mise à jour : 26 nov. 2020

Cela faisait plusieurs mois que nous souhaitions un second enfant quand j’ai découvert avec stupéfaction que j’étais enceinte. J’avais un retard de règles de déjà 10 jours, mais étant préoccupée par notre déménagement, je n’étais pas focalisée dessus. Durant une nuit j’ai reçu l’intuition qu’il fallait que je fasse un test de grossesse, ce n’était pas un hasard s’ils étaient déjà dans un carton, mais qu’il était resté ouvert dans ma chambre. Quand j’ai vu que le test affichait cette fameuse barre, j’ai douté et je me suis mise à trembler. Enfin, enfin, enfin peut-être j’étais enceinte. Comme un pressentiment, j’ai eu du mal à y croire, et j’ai fait un second test dans la journée pour me convaincre. J’ai mis un peu de temps à vraiment réaliser, mais le lendemain après le résultat de la prise de sang, c’est bon, j’ai relâché la pression et j’étais à fond à l’heure. L’inscription à la maternité était faite, le rendez-vous de l’échographie de datation était fixée, le premier rendez-vous de suivi avec une sage-femme. J’avais acheté trois nouveaux livres sur le sujet, dont un que j’avais déjà lu en entier en seulement quelques heures. Je me projetais et me réjouissais de cette nouvelle grossesse.


Le lendemain de notre déménagement, j’étais en train de faire le ménage pour notre état des lieux, lorsque je découvre une trace rouge. Vite je vérifie, oh non horreur c’est bien du sang. Ma poitrine me serre et je commence à paniquer. A cet instant, j’oublie tous mes préceptes et tous mes acquis pour garder mon calme et accueillir mes émotions. Je suis submergée.


J’appelle le secrétariat de la maternité où je suis inscrite, je demande la marche à suivre si je dois venir consulter aux urgences ? Non ce n’est pas le moment, les médecins sont en pause déjeuner, rappeler dans 40 minutes. 40 minutes d’attente. J’essaie de garder mon calme, mais je n’arrive pas à recentrer, je n’arrive pas à appliquer mes propres conseils. Tout simplement car je sais déjà. Je sais déjà que c’est terminé. Je tremble. Quelques personnes de mon entourage essaient de me dire que la présence de sang en début de grossesse peut être causée par beaucoup de choses, je le sais mentalement, mais là mon cœur me dit autre chose. Je rappelle la maternité après ce long moment d’angoisse, et quelle ne fut pas ma déception. Sur un ton glacial, une personne souhaite vite en finir avec ce coup de téléphone. En début de grossesse c’est fréquent, il faut juste surveiller. Ok et sinon ? Ah non, je ne peux pas poursuivre la conversation, cela a déjà raccroché. Ok, merci du non-conseil. Surveiller, ok parce que tu penses que je ne vais pas vérifier et encore revérifier 100 fois si je saigne encore ?


Puis vient ce moment où tout tourne en boucle. Je me surprends dans mes pensées : c’est parce que tu ne t’es pas reposée assez, que tu as porté des cartons la veille, que tu as mal dormi car ton fils t’a réveillée, que tu as fait beaucoup d’efforts pour rester concentrée sur les 45 minutes de route, que tu as donné de l’énergie pour ce ménage…. Et là d’un seul coup cette culpabilité m’envahit, et si c’était de ma faute ?

Non Marion, tu le sais ça, tu as dépassé tout ça. Reprends ton pouvoir. Non bien sûr que ce n’est pas de ma faute, allez va te reposer. Pense à autre chose. Médite et dors.


Au réveil la sensation me réveille et je comprends que c’est reparti de plus belle. Foutue. Je perds encore du sang.


Ce jour du premier octobre 2020, c’est nos 4 ans de mariage. Un jour spécial. Un jour marqué. Un jour taché. Toute la soirée et toute la nuit c’était la tempête. Dehors à l’extérieur. Et à l’intérieur. Dans mon cœur, mon ventre, mon esprit. Du sang coule, des larmes jaillissent, des émotions m’envahissent, et je dois tomber pour ensuite me relever.

J’appelle la maternité pour annuler mon inscription pour ne pas recevoir les papiers. Mais non, la secrétaire juge que ce n’est pas utile d’annuler, et qu’il faut me passer le secrétariat du médecin. Je retombe sur la personne antipathique que j’ai déjà eu la veille, qui me demande pourquoi j’appelle. Je dois réexpliquer et raviver ma douleur. L’explication est aussi soudaine que la veille, rien de particulier : A surveiller, enfin je vais voir avec le médecin au cas où il voudrait vous voir.


Mon entourage insiste pour que j’aille consulter, cela peut être grave. Je décide de consulter une sage-femme. Je me retrouve au milieu de la salle d’attente avec des affiches de femmes enceintes et de bébé, une femme enceinte arrive. Douleur. La sage femme est compatissante et bienveillante, mais son protocole est lourd. Il faut faire une prise de sang, et puis une deuxième dans quelques jours. Pourquoi s’acharner à faire une multitude de tests ? Franchement, est-ce qu’on a que ça à faire d’aller au laboratoire effectuer une prise de sang ? De se confronter à la secrétaire d’accueil qui nous aura reçu quelques temps avant, lorsque notre test était positif, lorsque tout était encore possible ? Je fais le premier et le taux étant déjà bas, je juge par moi-même que je ne vais pas me faire subir le second test. Merci Marion de m’épargner et de te concentrer dans la guérison plutôt que de rester figée dans cette douleur.


Je voudrai crier à tous ces secrétaires, médecins, personnel de santé qui sont à côté, à côté de leur rôle de personnel aidant, de bienveillance. Pour eux, bien sûr il s’agit d’une banalité, surtout à ce stade de grossesse, et ils ne mesurent pas derrière que nous sommes en plein drame, en plein deuil. Deuil de cette grossesse, de tout ce planning déjà établi, que tout s’écroule.


Alors oui cela était très fréquent, on n’arrêtait pas de me le dire. Cela toucherait en moyenne 20% des grossesses, et 1/5 au cas où l’on n’aurait pas encore compris. Cela arrive souvent parce que la nature est bien faite, cela signifie que l’embryon avait probablement un problème. Vous avez déjà un enfant donc vous savez que vous pouvez mener une grossesse à terme. Merci bien, c’est vrai au cas où j’aurai soudainement oublié que j’ai déjà un bébé d’amour… Et la compassion ? Et la réception de la douleur ?


Tout ce raisonnement mental est contre productif. Tout ça je le savais déjà, et je m’en fous. Tout ce qui se joue est émotionnel. Tout mon être est en souffrance, j’ai eu besoin de traverser les étapes du deuil, de tomber pour ensuite me relever grandit de cette épreuve. J’ai besoin de l’évacuer, de le digérer, de le guérir. Lorsqu’on perd nos grands-parents que l’on aime très fort à un âge avancé, on est triste, même si on sait que cela risquait d’arriver. Et bien pour moi c’est la même chose.


La majorité de mon entourage a fait ce qu’il fallait : accueillir ma douleur et écouter. C’est vraiment le conseil que je peux donner à l’entourage, mais qui devrait également être appliqué par le personnel de santé : accueillir cette douleur, écouter et ne pas banaliser l’évènement.


Les premiers jours j’ai eu des difficultés à manger, je n’avais pas d’appétit, j’ai bu beaucoup de jus de légumes, je sentais que je devais évacuer des toxines, me nettoyer. Puis j’ai eu besoin de me reconnecter à mon corps, je me suis offerte une séance de mon massage préféré : les pierres chaudes, et j’ai fait plusieurs séances de hammam et de sauna. Je me suis recentré sur moi, j’ai pratiqué des auto-traitements reiki et plusieurs méditions de guérison et j’ai consulté une énergéticienne.


Je retiens les aspects positifs de cette fausse couche, elle me montre que je peux tomber enceinte et qu’il faut que je reste focalisée sur ma visualisation positive, garder la foi. Cela me donne la possibilité de témoigner sur ce sujet, alors que justement je me lance dans un blog de périnatalité, il n’y a pas de hasard. Je me sens plus forte, comme après un test réussi. Il y a quelques mois j’aurai sombré dans la dépression avec cette épreuve, cela me permet de mesurer le chemin parcouru.


Le jour où je reçois ses fameux papiers d’inscription, que la maternité n’a pas voulu annuler, j’ai un petit pincement au cœur, mais je sens qu’il est pansé, et je suis prête pour la suite, pour le meilleur, car bien sûr le meilleur reste à venir. Merci univers pour tous les cadeaux de la vie. Belle âme qui tourne autour de moi, je me réjouis de bientôt d’accueillir.
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